Selon un article intitulé Vieillissement : entre déclins et ressources, paru en 2016 dans Les Grands dossiers des Sciences Humaines n°42 et écrit par Valérie Pannequin ainsi que par Claude Ferrand, la manière d'appréhender le vieillissement a évolué.
Le vieillissement est vu aujourd'hui comme une période ultime de développement avec ses processus et ses caractéristiques propres.
Les recherches sur le développement des processus cognitifs (comme la mémoire, le raisonnement, l'attention) nous apportent trois grands résultats :
- le vieillissement cognitif est loin de se caractériser comme un ensemble de déclins
- le vieillissement cognitif n'est pas l'inverse du développement cognitif chez l'enfant. Nous ne retombons pas en enfance.
- le développement cognitif se caractérise par une grande hétérogénéité.
Au premier abord, les effets du vieillissement sur la cognition, notamment le raisonnement vont dans le sens d'un déclin.
Dès l'âge de 60 ans, la personne âgée éprouve des difficultés à raisonner dans l'abstrait, à élaborer des stratégies nouvelles dans des situations complexes, avec une accélération après 75 ans. Mais ces difficultés se traduisent tout particulièrement dans les situations où il existe un conflit entre la logique pure et leurs croyances sur le monde, où il s'agit d'inhiber leurs croyance sur le monde. En effet si croyances et logique ne sont pas en conflit, aucun déclin de raisonnement n'est constaté.
Entre 60 et 80 ans, le déclin des performances semble être de nature fonctionnelle : passer d'une stratégie à une autre, inhiber une stratégie ou une croyance non pertinente, etc...
Alors qu'après l'âge de 80 ans il est de nature structurale c'est-à-dire qu'il correspond à des facteurs endogènes du vieillissement (diminution du débit sanguin dans le cerveau, raréfication des dendrites, etc...).
Des recherches effectuées montre que les facteurs expliquant le déclin lors du vieillissement sont de nature cognitive mais aussi environnementale et émotionnelle.
Le raisonnement pragmatique (et non abstrait) dit « de sagesse », s'appuyant sur les expériences de la vie et situé dans un contexte social augmente lors de l'avancée en âge. Les stratégies de résolution dites « sages » sont prosociale et aident à résoudre des problèmes importants dans la vie quotidienne. Elles prennent en compte les variations du contexte, le fait que les valeurs et les buts varient selon les personnes, qu'il existe une certaine part d'incertitude dans la vie.
Il semblerait que les personnes les plus âgées (60-90 ans) présenteraient de plus grands compétences à résoudre des problèmes sociaux.
La résolutions de problèmes complexes dans la vie quotidienne nécessite des capacités exécutives mais aussi l'utilisation de connaissances. En effet, l'acquisition d'expériences et de connaissances contribue particulièrement à résoudre des problèmes quotidiens qui se différencient des problèmes abstraits par le fait qu' ils sont « ouverts » : c'est-à-dire qu'il n'y a pas de solutions complètements correctes ou incorrectes.
L'expérience confère donc un avantage aux participants âgés par la résolution de problèmes quotidiens ce qui n'est pas le cas pour les tâches plus abstraites (exécutives ou de raisonnement).
Les personnes âgées compensent leur déficit de fonctionnement exécutifs par leur expérience en faisant plus appel à leurs réseaux de connaissances des solutions possibles pour résoudre le problème.
Le vieillissement apparaît donc comme un processus d'individuation et de personnalisation où les expériences de vie font évoluer le fonctionnement cognitif.